Pour nos chiens, on a toujours le choix.

Voici un article auquel je réfléchissais depuis longtemps sans vraiment le savoir et qui a pris tout son sens la semaine dernière lorsque j’ai rencontré Ikow (prononcez « Aïko ») et ses propriétaires.

Je vais commencer par vous raconter un peu l’histoire de Ikow afin de vous remettre en contexte et de donner un terrain concret à ma réflexion:

Il y a 15 jours environ, j’ai reçu un email de la part de la propriétaire de Ikow qui me le présentait un peu. Il s’agit donc d’un mâle Malinois de 2 ans et demi qui présente des problèmes de comportement et notamment d’agressivité vis à vis de ses congénères. Les propriétaires de Ikow voudraient régler ce problème qui persiste malgré l’utilisation d’outils coercitifs et la dépense de beaucoup d’argent, car ils ne peuvent emmener le chien nul part, par peur de croiser des chiens et que le leur soit intenable.
Comme il s’agissait d’un problème d’agressivité, nous avons convenu d’un rendez vous téléphonique pour que sa propriétaire puisse m’en dire un peu plus sur la situation et que je puisse me faire une idée de ce pourquoi j’étais appelée.
J’ai donc appris que Ikow est agressif avec ses congénères mais également avec les humains, y compris les siens et qu’un « dresseur » l’a « éduqué » au collier à piques ainsi qu’au collier électrique.
Comme vous vous en doutez, j’étais déjà pas mal ébranlée par ces révélations mais j’ai évidemment convenu d’un rendez vous avec les propriétaires de Ikow, à leur domicile, afin d’avoir une vue complète de la situation et que nous puissions tenter de rectifier le tire.
Je me suis donc rendue chez eux et nous avons refait, ensemble, le cheminement des mauvais choix et des mauvaises rencontres qu’ils ont fait, tous les trois:

  • Ikow a été acheté à 2 mois dans un élevage multi-races en Normandie. Il avait été séparé de sa mère à 6 semaines et vivait en chenil.
  • A l’âge de 2 mois et demi, ses propriétaires se sont rendus dans un club canin près de chez eux car ils souhaitaient socialiser et familiariser Ikow qui était alors un jeune chien assez craintif et anxieux. Là, on leur a donné un collier étrangleur et les moniteurs leur ont demandé de « saccader » le chien à chaque mauvais comportement.
  • A 6 mois, Ikow a mordu un humain pour la première fois et ne pouvait plus supporter de voir ou de croiser d’autres chiens.
    Ses propriétaires ont alors demandé de l’aide à leur vétérinaire qui les a orienté vers une vétérinaire comportementaliste (………). Cette « professionnelle » a reçu Ikow en consultation et a jugé qu’il était atteint d’hypothyroïdie mais n’a pas souhaité pratiquer de vérification par prise de sang puisque, selon elle, le test n’est pas fiable ! Ikow a donc immédiatement été mis sous traitement à base de Levothyrox pendant plusieurs mois. Comme le traitement n’était, évidemment, pas adapté, les repercussions sur le comportement de Ikow se sont fait rapidement sentir. Les propriétaires se sont donc a nouveau adressé à la vétérinaire comportementaliste qui a rajouté de la Fluoxétine au traitement… Mais ce produit rendait Ikow totalement amorphe donc retour chez la véto qui a alors prescrit de la Fluvoxamine. Là, Ikow a « pété tous les cables » comme on dit… Les agressions devenaient incontrolables donc les propriétaires ont décidé d’arrêter progressivement les traitements pour que Ikow ne soit plus du tout sous médication.
  • Par la suite, leurs problèmes n’étant par réglés, ils ont fait appelle à un « dresseur » qui a effectivement « éduqué » Ikow a l’aide d’un collier à pique et ensuite d’un collier électrique durant 10 séances.

Lorsque je me suis rendue au domicile de ses propriétaires, Ikow était isolé jusqu’à ce que je décide de le rencontrer dans le jardin. Il était alors muselé et tenu en longe par son propriétaire, celle ci attachée à un harnais. Il s’est avancé calmement vers moi, m’a reniflé et m’a agressé. Ce scénario s’est produit 3 fois alors que je discutais simplement avec sa propriétaire, sans le regarder, lui parler, le toucher ou même prétendre qu’il existait. La longe était détendue, les propriétaires n’étaient ni proche de moi, ni proche de lui. Ikow n’avait tout simplement aucune raison de m’agresser, si ce n’est ma simple existence et présence… et c’est ce qu’il ressent envers quasiment tous les humains et les chiens.

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Ikow, lors de notre deuxième cours.

 

Je ne vous raconte pas tout ça pour juger les propriétaires de Ikow, bien au contraire, et ils sont parfaitement au courant de l’écriture de cet article pour lequel j’ai sollicité leur accord.
Mais cette histoire devrait servir d’exemple à tous les humains et tous leurs chiens car les propriétaires d’Ikow n’ont jamais voulu en arriver là ! Encore aujourd’hui, ils font la démarche de faire appel à un énième professionnel pour les aider à rectifier la situation avec leur loulou. Ce sont des personnes de bonne volonté qui ne cessent de se remettre en question et de faire confiance à autrui. Leur seule faute est d’avoir fait confiance malgré un sentiment de malaise.

Lorsque sa propriétaire a commencé à me raconter ce premier week end au club canin, lorsque Ikow n’avait même pas encore 3 mois, et qu’elle a évoqué les coups de colliers étrangleurs infligés à son jeune chien, elle m’a avoué ne pas avoir compris et avoir ressenti un malaise en pensant « pauvre bête ». Ce type de pensées devrait vous faire fuir à toutes jambes !
C’est le thème même de cet article, faire prendre conscience à tous les propriétaires de chiens que nous avons TOUJOURS le choix, que nous pouvons toujours dire non, que nous pouvons toujours aller ailleurs. Si vous faites appel à un professionnel ou que vous vous rendez dans un club canin et que quelque chose ne vous plait pas, qu’il s’agisse de l’attitude des humains ou des chiens, les méthodes employées, la façon de s’adresser aux chiens… qu’importe, finalement ! Si quelque chose ne va pas, vous le savez au fond de vous. Vous vous sentez mal, vous avez des doutes… et vous devriez vous écouter !

Si l’on transposait ce type de réflexions à des situations que des parents vivent avec leurs jeunes enfants, cela semblerait très normal de s’opposer à des pratiques violentes, intimidantes ou humiliantes. Après tout, il a été démontré que les chiens ont les capacités mentales d’un enfant d’environ 2 ans. Et toute personne vivant avec un chien peut attester de leurs capacités émotionnelles…. Alors pourquoi tout accepter lorsqu’ils sont concernés?

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Je vous parle d’éducation et de comportement mais il en va de même pour les vétérinaires et autres professionnels de la santé animale. L’une de mes connaissances a récemment été obligée de quasiment se battre avec l’assistante de son vétérinaire qui refusait de traiter son chien comme il en avait été convenu. Celui ci allait subir une petite opération mais, souffrant de problèmes de thyroïde (des vrais, lui, pour le coup !), c’est un chien particulièrement sensible qui nécessite certains égards et notamment, de ne pas patienter seul et sans repères dans un environnement stressant pour lui.
S’il avait été question d’un enfant, aurait on accepté qu’il soit malmené?
Dans le cas de Ikow, c’est la vétérinaire comportementaliste qu’il aurait fallu fuir à grandes enjambées. Un « médecin » qui fait des prescription sans vérification par prise de sang? Eeeeeeuh…. Auriez vous accepté ça s’il avait été question de votre santé? Ou de celle de l’un de vos proches?

Vous me direz « oui, mais tout le monde ne peut pas pousser un coup de gueule comme ça ». Après tout, je peux tout à fait comprendre que ce soit compliqué de partir en gueulant et en claquant la porte, certains sont timides, introvertis ou tout simplement pas du genre à faire un scandale. Tout dépend du tempérament de chacun et je le respecte. Ce que je ne comprend pas, en revanche, c’est que l’on y retourne ! Ca ne vous a pas plu mais vous n’avez pas eu le courage de vous en aller sur le champ, ok. Mais y retourner la semaine suivante, c’est tendre le bâton pour se faire battre et ça, c’est inadmissible.
Il en est de même pour les gens qui me répondent « je ne savais pas que d’autres choses existaient », « il n’y a rien d’autre près de chez moi », etc… Peut être ! Mais à l’heure d’Internet, des Smartphones, de Facebook et autres outils technologiques omniprésents dans nos vies, comment peut on penser à jouer à Candy Crush mais pas à se renseigner sur les méthodes d’éducation canine et ce que des inconnus font avec votre compagnon à quatre pattes? 
Prenez le temps de vous poser mais aussi de vous poser les bonnes questions car vous pourrez toujours trouver une réponse ou une personne pour vous aider. Mais surtout, n’hésitez jamais à demander un deuxième avis. Même si Monsieur X vous a été chaudement recommandé par Monsieur Y, n’hésitez pas à vous renseigner, à bien regarder les sites internet et les photos présentes dessus, à demander plus d’informations sur le CV de la personne ou les méthodes employées. On est jamais ridicules quand on prend soin de ceux qu’on aime.

Cet article n’est pas fait pour juger qui que ce soit ou quoi que ce soit. Chaque professionnel travaille comme il le souhaite, chaque propriétaire sera le seul décisionnaire concernant son chien mais je voudrais attirer l’attention de tous ceux qui vivent avec un animal ou qui seront amenés à le faire. J’espère que l’histoire de Ikow et ce témoignage de ma part vous bousculera, vous touchera ou vous énervera suffisamment pour vous amener à y regarder de plus près lorsque vous prenez une décision pour votre animal. Parfois, une erreur n’est pas grave et n’engage pas à grand chose. Mais parfois, une erreur, puis une autre, puis une autre… et vous mettez en péril la vie même de votre animal ou, au minimum, l’harmonie de votre vie avec lui.

Enfin, je voudrais remercier les propriétaires de Ikow de m’avoir permis de raconter un bout de leur histoire afin d’inspirer d’autres propriétaires de chiens mais, surtout, je voudrais les remercier pour leur volonté, leur humilité et leur ténacité à mieux aimer leur chien. Beaucoup de personnes se seraient séparées du chien, beaucoup d’autres auraient songé à des décisions bien plus radicales… Eux sont toujours là, conscients de la situation, de leurs erreurs et de la marge de manoeuvre qu’il nous reste mais ils ne baissent pas les bras et s’investissent toujours autant pour leur loup.
Ce qui compte, ce n’est pas les bêtises que l’on fait mais l’énergie que l’on déploie pour les réparer… Le mieux étant de n’avoir rien à rafistoler…

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Ikow, au naturel.

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