A l’occasion d’un petit séjour à la mer, j’ai eu l’opportunité de réfléchir sur un sujet qui m’a été soufflé par Nadine Chastang lors du dernier stage auquel j’ai participé chez elle à Bazas.
Nous avons eu l’occasion de faire une balade autour d’un lac et je regrettais que tous mes espèces de gros poilus aquatiques ne soient pas présents car, ils adorent l’eau.
S’en est suivi la question de Nadine : En es tu sûre ?
Eh bien mes quelques jours de vacances m’ont réellement permis d’y consacrer plus de réflexion car j’ai pu aller à la plage et observer différents chiens au contact de l’eau…
Anecdote canine aquatique
Lorsque nous en avons discuté au bord du lac, Nadine m’a demandé comment mon premier chien, Mishka, avait été amené à se baigner ? Eh bien, grâce à la balle dont nous usions et abusions bien sur, à l’époque ! Mishka a rapidement pris gout à l’eau et il a été l’initiateur de mes autres chiens, qui le suivaient pour aller se baigner.
Mais alors, suis je vraiment sûre qu’il aime l’eau ? Qu’il y aurait été si je n’avais pas « forcé » le truc à cause de la balle ?Suis je ensuite sûre que les autres chiens y auraient été si Mishka n’avait pas crée cette envie – ou cette obligation – d’aller à l’eau ? Et oui, car il s’agit d’une petite obligation, si on y réfléchit bien ! L’eau devient alors un élément secondaire dont le chien s’accommode pour obtenir ce qu’il veut.
Et c’est l’exemple que j’ai pu observer, encore et encore, sur la plage.
Quelle est la situation ? Eh bien prenez un jeune Border Collie déjà bien addict à son bâton (si vous m’avez déjà lue, vous savez où se situe mon point de vue sur les jeux de lancé, pas la peine de revenir là dessus). Mettez le au bord de l’eau. Il est plutôt bien et grignote son machin tranquillou, au frais. Puis, son humain décide que, sapristi, on est à la mer, le chien devrait apprendre à aller se baigner donc il pique le bâton au Tit Bouchon et le jette dans l’eau. Evidemment, Petit Bouchon n’est pas con donc Petit Bouchon attend sagement que son bâton soit ramené par les vagues à une distance acceptable pour y mettre le bout des pattes et le récupérer.
Mais l’humain n’a pas son compte alors il récupère à nouveau le bâton et, cette fois ci, va lui même dans l’eau avec. Et là, ce n’est pas uniquement le bâton qui prend le chien en otage mais également son humain qui va l’appeler, encore et encore et encore… dans le vain espoir de le faire venir le rejoindre dans l’eau.
Donc Petit Bouchon ne connait pas l’eau, n’aime pas l’eau, il en a peur. Et on lui prend le truc (sur lequel on a pourtant tellement insisté pour qu’il y soit accro…) et ensuite on l’appelle. Et on l’appelle encore. Donc, Petit Chien est tout seul sur la plage et Petit Humain reste tout seul dans l’eau à pourrir son rappel et sa relation de confiance avec son jeune chien. Bah oui. Vous êtes tout petit et vous avez peur d’aller dans l’eau. Plutôt que de vous laisser le choix et de vous accompagner progressivement, on vous prend votre jouet préféré et on s’en va en vous demandant de vous rejoindre alors que vous ne savez même pas nager ! Euh… Moi, perso, j’irai pas.
Autre exemple : vieux labrador à qui l’on jette le jouet loiiiiiin dans la mer. Dans ce cas précis, peut être que la natation est importante pour la santé du chien donc j’émets une petite réserve mais, néanmoins, pourquoi l’envoyer si loin ? J’ai vu le chien, hésiter, regarder le jouet être lancé et évaluer la distance. Si il avait pu parler, je suis quasi sûre qu’on aurai entendu un truc du genre « p***** t’aurai pas pu l’envoyer moins loin ?! ».
J’étais sur la plage, à regarder mon Gros Loup faire ses brasses dans l’eau et je ne pouvais pas m’empêcher de me demander : « Est ce qu’il aime vraiment ça ? » je veux dire, si je n’avais pas été là, si je n’avais pas lancé une balle, si je n’avais pas été dans l’eau moi même en appelant, mes chiens iraient ils autant dans l’eau ?
Tout cela n’est pas bien grave évidemment, personne n’a le cancer (cassons l’ambiance). Mais c’est une occasion de m’interroger sur notre rôle sur les tempéraments ou préférences de nos chiens et sur ce que nous pensons être une telle évidence.
Si vous regardez mes chiens près d’un point d’eau, vous allez immédiatement vous exclamer « Wahou, ils adorent ca ! ». Pourtant, je me demande vraiment si c’est l’eau en elle même qu’ils apprécient ou bien l’excitation qu’elle leur procure ? Car l’excitation constitue un renforcement pour le chien et il peut en arriver à la désirer, à chercher à la créer. Clairement, l’eau constitue alors le parfait contexte pour obtenir cela.
Dur d’avoir une réponse donc…
Il y a peu, j’ai passé quelques jours seule avec Jarod et nous avons eu l’occasion d’aller nous promener à beaucoup d’endroits où il y avait de l’eau. Mais, pourtant, si je ne m’approchais pas de l’eau et ne m’y arrêtais pas quelques instants, eh bien il n’y allait tout simplement pas. Alors, aime l’eau ou pas ? Eh bien peut être pas tant que ça en fait ! Car si personne n’influence son choix, ni moi, ni mon déplacement, ni ma trajectoire, ni ses « frères et sœurs » et qu’il ne fait 54 degrès eh bien… il a tendance à choisir autre chose ! Il renifle surtout. Je pense que son vrai plaisir est là car, lorsqu’il a le choix, totalement le choix, c’est celui ci qu’il fait.
Une question de choix… et de confiance.
Ma question est donc : nos chiens ont ils réellement le choix ?
Dans la vie qu’on leur propose, peu de choix sont disponibles pour nos chiens et nous choisissons quasi tous les aspects de leurs existences : Où ils font leurs besoins, qui ils côtoient, humains ou chiens, etc… Et peut être que, finalement, même dans les moments qui sont censés leur appartenir totalement, on ne leur laisse pas tant le choix que ca…
Et, au delà de ce simple aspect de préférence sur lequel j’ai réfléchis avec mon exemple de la mer, on peut donc s’interroger sur l’impact de ces choix que nous faisons pour nos chiens. Peut être que des choix qui paraissent minimes sont, finalement, porteurs de beaucoup plus d’impact…
Après un bon quart d’heure à essayer de faire venir le petit Border à lui, dans l’eau (et sans succès), le propriétaire a – quand même – fini par lâcher l’affaire et à revenir sur la terre ferme. Mais les rappels ont continué car Petit Bouchon était bien soulagé de retrouver son humain et de pouvoir ainsi retourner vaquer à son exploration de l’environnement. Mais, après quinzes loooongues minutes à appeler son nom, Petit Border semblait ne plus trop savoir comment il s’appelait… Le propriétaire a certainement du retravailler son rappel à la suite de cet épisode car rien n’y a fait et il a fallu récupérer le chien physiquement pour qu’il accepte de suivre son humain.
Auriez vous suivi la personne qui a voulu vous forcer à aller dans l’eau alors que vous ne savez pas nager ? Pas franchement fiable ce quidam… Alors qui me dit que je peux lui faire confiance dans d’autres circonstances ? Comment peut il être ma référence et mon ancrage dans ce monde ? Finalement, la relation de confiance est égratignée à chaque situation similaire…
Posons nous de vraies questions
Une situation banale, qu’une grande majorité d’entre nous a sans doute déjà connu mais qui, aujourd’hui me pose réellement question.
Ce que je sais, c’est que, suite à cette remarque de Nadine et toute la réflexion qui s’en est suivie, lorsque je propose quelque chose à mes chiens, j’essaye de ne plus le regarder sous un angle d’évidence. Je ne me dis plus « il est comme si » ou « il aime cela ». J’essaye de me repasser le film et de voir dans quel contexte la chose lui a initialement été proposée.
J’essaye d’analyser le truc et de me demander si c’est bien mon chien qui choisi ou moi qui choisi pour lui. Et surtout, « quel impact ce choix aura-t-il sur notre histoire ? »